La recherche clinique
Professeur Marie-Germaine Bousser,
Chef du service de neurologie à l'hôpital Lariboisière à Paris
L'association « Jardins & Santé » a choisi de consacrer une grande partie de ses efforts à l'aide à la recherche sur les maladies du cerveau et à celle de la prise en charge des patients victimes de ces affections, jadis réunis au sein de la neuropsychiatrie.
Il y a près de quarante ans, la neurologie et la psychiatrie se séparaient, certes à l'amiable, mais néanmoins dans un climat empreint d'incompréhension mutuelle.
La neurologie se distinguait de la psychiatrie par la présence d'une lésion ou d'un dysfonctionnement du système nerveux objectivable à l'examen clinique ou à l'imagerie cérébrale.
Les deux disciplines ont ensuite évolué pratiquement en s'ignorant avec des cursus de formation, des groupes de travail, des sociétés savantes, des services hospitaliers et des unités de recherche indépendants.
Ce fossé qui s'est creusé entre les deux spécialités devrait petit à petit de nouveau se combler car la neurologie et la psychiatrie sont toutes deux des sciences du cerveau qui poursuivent un but commun en ce qui concerne la recherche : comprendre le fonctionnement du cerveau.
Ainsi, elles tentent toutes deux de corréler une fonction cognitive ou un comportement avec d'une part l'activation de certaines zones du cerveau grâce à l'IRM fonctionnelle et d'autre part avec d'éventuelles modifications biochimiques survenant au niveau des circuits neuronaux.
Par ailleurs, dans la pratique quotidienne, l'intrication des deux disciplines est évidente : la maladie d'Alzheimer est aux confins de la neurologie et de la psychiatrie, les maux de tête sont aussi souvent de cause psychologique qu'organique, la dépression complique de nombreuses affections neurologiques etc. On voit donc que, tant en neurologie qu'en psychiatrie, la traditionnelle opposition entre « psychiatrique » et « biologique » n'a plus vraiment de sens. Les facteurs génétiques et les facteurs d'environnement sont tout aussi fondamentaux pour les affections neurologiques que psychiatriques.
Ces affections ont encore en commun d'être extrêmement fréquentes et de générer un handicap personnel et social très important. Ainsi des affections psychiatriques telles qu'autisme, dépression, schizophrénie... et des affections neurologiques telles qu'épilepsie, maladie de Parkinson, démences, sclérose en plaques... figurent parmi les affections les plus répandues et les plus handicapantes dans toutes les populations.
A côté des ces affections, les accidents vasculaires cérébraux occupent une place à part en raison de leur extrême fréquence (première cause de handicap acquis chez l'adulte et troisième cause de décès), de leur brutalité nécessitant une prise en charge d'urgence qui se rapproche davantage de l'infarctus du myocarde que celle des affections neurologiques traditionnelles de leur sous dotation en terme de moyens hospitaliers, d'aide à domicile et de recherche.
Toutefois, même en ce domaine, l'intrication avec la psychiatrie est permanente puisque d'une part, des troubles dépressifs et anxieux surviennent dans plus de 50% des cas après accident vasculaire cérébral et d'autre part, ces accidents sont la deuxième cause de perte des facultés intellectuelles, juste après la maladie d'Alzheimer.
Il est donc heureux que l'association « Jardins et Santé » permette de réunir autour du cerveau et de ses affections, les neurologues et les psychiatres !